C'est un evènement exceptionnel pour notre commune, ce plan relief aura nécessité 2.250 heures de travail à 3 retraités bénévoles: Alain Chaupin - Roland Bourriez et Jean-Pierre Hayart. Lors de la réunion du Comité de pilotage du 16 décembre 2013, il a été émis l’idée de réaliser une maquette sur la zone des combats visible depuis Bully. Si cette idée pouvait paraître intéressante encore fallait-il avoir les documents d’époque qui puissent le permettre.
En 1970, j’ai pu sauver de l’incinération une série de cartes anglaises de 1916 et 1918, qui intéressaient plus particulièrement notre secteur. Pour les avoir exposées en 2008, je me suis rendu compte qu’il était difficile, pour un public non averti, d’avoir à les interpréter.
Au début de l’année 2014, j’ai beaucoup réfléchi à la mise en œuvre d’un plan relief couvrant un secteur allant de Bully au plateau de ND de Lorette soit une distance de 12 km sur 5 km de large. Les cartes anglaises étant à l’échelle du 1/10.000°, je décidais de créer ce plan relief à l’échelle du 1/2.000° ce qui nécessita la construction d’un support de 5m50 sur 3m00, l’option de 1cm pour 5m00 fut retenue pour l’altimétrie. Dès le 15 avril 2014, 2 retraités bénévoles m’ont rejoint pour mettre en oeuvre ce projet ambitieux. Les travaux durèrent 7 mois pour un total de 2.250 heures. A cela vinrent s’ajouter la mise en peinture de 600 figurines au 1/72° représentant les combattants Français – Anglais et Allemands, 800 heures de travail furent nécessaires à 6 personnes pour réaliser ce travail de précision. Les détails sur les différentes phases de construction sont repris dans une plaquette de présentation qui est mise à la disposition du public. Ceci étant dit, il nous faut replonger dans le contexte historique de l’époque. Si Bully n’est pas Verdun, il convient de souligner que des milliers d’hommes y sont venus cantonner et mourir.
Dès octobre 1914, Bully est ceinturé par le front qui va de Vermelles à Aix-Noulette en passant par le n°7 de Mazingarbe, le n°5 de Loos-en-Gohelle – la cité Maroc et le n°11 de Grenay, le n°2 et 5 de Calonne et la cité des Cornailles à Liévin, le village d’Angres, le nord du plateau de Lorette, le bois de Bouvigny et le hameau de Noulette. Les soldats des régiments engagés dans les combats du nord de Lorette cantonnent à Bully et accèdent aux 1ères lignes de combat par les boyaux qui partent de la partie sud-ouest du village.
L’artillerie française puis anglaise installera à Bully ses canons à longue portée et ceci pendant toute la durée du conflit, cette présence nous vaudra d’être bombardés sans répit par l’artillerie allemande qui occasionnera de gros dégâts sur les installations minières ainsi que sur les habitations. Paradoxalement ce sont les batteries de canons implantées à Bully qui détruiront en grande partie les villes de Lens et de Liévin.
La population de Bully n’a pas été évacuée, si des habitants ont toutefois décidé de s’exiler, ils ont été remplacés par des personnes évacuées de Lens et de Liévin. Cette situation a entraîné des drames familiaux, ce sont 90 civils qui ont perdu la vie dont 30 enfants. Il est difficile de rentrer dans le détail de ces 4 années de guerre, le plan relief va aider à mieux comprendre la situation à la veille de la seconde bataille d’Artois au début du mois de mai 1915. Des fascicules publiés année par année expliqueront dans le détail les souffrances et le vécu de la population Bullygeoise. Le 1er sur l’année 1914 est disponible, le second sur l’année 1915 le sera prochainement.
Alain Chaupin
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